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« Saint-Nectaire , connu très anciennement sous le nom de Cornador, possédait un château qui a ètè démoli ... Il a donné son nom à une ancienne maison qui a produit 2 maréchaux de France, 4 chevaliers des ordres du roi, et des ducs et des pairs. La terre de Saint nectaire passa dans la maison des Crussol...et fut vendue à M de Lagarlaye évèque de Clermont...et en dernier lieu M Guerin l'acquit des héritiers de M Lagarlaye.

Quelques auteurs et entr'autres M l'abbé Faydet, dans ses remarques sur Homère et Virgile, ont prétendu que la maison de St Nectaire n'a rien de commun avec le saint de ce nom qui vint selon la tradition, précher la foi en Auvergne avec saint Austremoine et qui fut enterré dans l'église de ce lieu où se trouvaient aussi les tombeaux de Baudime et Auditeur disciples de saint Nectaire

Sur le mont Cornadore, qui joint St Nectaire et qui figure sur notre planche, existent en dessous des ruines d'un ancien château connu sous le nom de châteauneuf, des cavernes creusées très anciennement dans un conglomérat volcanique »

                   Guide du voyageur de Clermont Fd 1836 JR BOUILLET librairie A Veyssat 14 rue de la treille

« La première lithographie présente une vue de l’église depuis l’Est, sur laquelle figure encore le château, à l’état de ruines, au Nord . Un mur peu élevé s’étend à quelques mètres du chevet et vient rejoindre le bras Nord du transept, épaulé par des contreforts d’angle obliques très saillants. Toutes les toitures visibles, en l’occurrence celles du transept et de la couronne de chapelles, semblent utiliser les tuiles creuses et le dessin se simplifie nettement dès lors qu’il s’agit de présenter les baies et les éléments de décor, néanmoins présents. Seul le volume du massif barlong se montre totalement aveugle et précède un court clocher de plan octogonal, à un seul niveau de baies géminées, et couronné d’une grande flèche. ...» 

 

David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

« ...Cette vue de l’église prise depuis le Sud-Est laisse apparaître également une partie de la nef et du massif de façade. À l’Est, les mêmes éléments sont figurés, mais les baies et les éléments de décor font l’objet d’un traitement plus minutieux. Le massif barlong est doté cette fois-ci de baies et le même clocher de plan octogonal à un seul registre de baies géminées couronne l’élévation. La face Sud du transept présente quelques niveaux de trous de boulins et se caractérise aussi par ses contreforts d’angle très saillants en partie basse encadrant une grande baie à moulure d’archivolte implantée au second niveau. La face méridionale de la nef montre un rythme de grandes arcades aveugles en plein cintre au premier niveau, associé comme dans la réalité à de grandes baies en plein cintre assurant l’éclairage des bas-côtés, mais le niveau des tribunes se présente, à l’extérieur, totalement aveugle et nu, tel qu’il peut encore apparaître sur les premières photographies de la fin du XIXe siècle.... »

 

David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

« Concernant ces parties occidentales, le dernier document montre un dispositif particulier, rapidement évoqué par Louis-Clémentin Bruyerre avant 1873, mais qui ne semble pas avoir remis en cause les restaurations conduites quelques années auparavant ...

. Ce document est une lithographie réalisée en 1825 par Eugène Isabey et fut publié en 1829 dans l’ouvrage d’Isidore  Justin Taylor, avant les premiers relevés réalisés par Aimond Mallay. Il montre l’église de Saint-Nectaire vue depuis le Sud-Ouest, ainsi que l’installation castrale totalement ruinée établie au Nord. Quelques bâtiments sont accolés sur la face Nord de ce massif Ouest, qui montre un portail central en plein cintre. Les parties hautes présentent un registre de trois grandes arcades aveugles en plein cintre et sont uniquement couronnées par un petit pignon triangulaire central, également doté d’une petite lunette aveugle. Ce dispositif d’arcades supérieures aveugles est intéressant à observer puisqu’il n’apparaît pas sur le relevé réalisé par Mallay, mais s’accompagne d’une série d’éléments figurés qui correspondent parfaitement à la réalité actuelle ou passée, comme le niveau de tribunes ici totalement aveugle, observé sur le document précédent ou sur les plus anciennes photographies. …. En complément, nous pouvons souligner que les dernières restaurations de l’église de Saint-Nectaire, sous la direction de François Voinchet, s’échelonnent sur plusieurs années depuis 1995 et ont vu d’ores et déjà la reprise des maçonneries extérieures du massif occidental, du massif barlong et du clocher, et la reprise des toitures de la nef, du transept et du chevet. Peu de blocs ont été remplacés à cette occasion, mais les joints du XIXe siècle ont été supprimés au profit de joints de mortier, et la plupart des maçonneries de petit appareil ont été couvertes par un enduit clair. Une nouvelle tranche de travaux, débutée en 2007 et concernant cette fois-ci les parties internes, a vu elle aussi une minorité de blocs remplacés, les joints en ciment supprimés et la totalité des élévations recouvertes par des enduits clairs »

 

         David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

 

« Les pierres de taille employées dans la nef présentent une homogénéité remarquable dans leurs dimensions. Il semble que l'unité de base soit de 15 à 17 cm, on observe aussi une diminution évidente dans les dimensions des pierres de taille du bas vers le haut. On peut en déduire que le chantier a respecté un niveau de standardisation

élevé (moins de 2 cm de variation) ce qui peut indiquer une durée de construction réduite (de l'ordre d'une génération). Les gisements et les carrières de pierres sont proches, les plus lointains (trachytes) provenant de la région de Besse

La voûte de la nef composée de pierres de Farges coulées dans un béton de mortier est réalisée en quatre phases particulièrement discernables par leurs joints »

 

         Rapport et compte rendu provisoire d'activité scientifique de l'église de St Nectaire (Puy de Dome) campagned'avril2008           Dominique Allios Université de Rennes 2

 

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« On distingue un changement dans le mode de construction dans la nef : la première

travée orientale et les parties basses de la nef relèvent d'un traitement plus soigneux en particulier dans les chaînages et la disposition des blocs. A partir de la seconde travée orientale, les arcs des tribunes et ceux du massif occidental ne sont plus chaînés et présentent, en de nombreux endroits, un traitement plus rapide, en particulier dans l'agencement des assises et le recours plus important aux maçonneries de moellons. Ce dispositif se révèle le plus économique et le plus rapide.

... il apparaît que la nef de l’église de Saint-Nectaire a été réalisée en plusieurs campagnes de construction lors de la période romane.

Même si l'on observe une diminution des moyens dans la partie occidentale, le bâti possède une homogénéité remarquable tant dans le respect du plan primitif, que dans celui des modules et des dimensions des matériaux.

L'inachèvement des chapiteaux, le recours à des pierres de moindre valeur pour la

partie finale de la nef indique une diminution de moyens mais un respect scrupuleux du parti originel. »

 

      Rapport et compte rendu provisoire d'activité scientifique de l'église de St Nectaire (Puy de Dome) campagne d'avril 2008 Dominique Allios Université de Rennes 2

J

« L'histoire de l'édifice est d'ailleurs pratiquement inconnue, faute d'archives, jusqu'à la Révolution au cours de laquelle les clochers furent abattus sur ordre du conventionnel Couthon....

….Il est même étonnant de constater qu'au début du XIX° siècle, la croisée du transept est couverte d'un clocher octogonal à un étage, surmonté d'une flèche de pierre d'allure parfaitement romane, comme en témoignent non seulement les gravures anciennes et les relevés de l'architecte Bruyerre de 1868, mais également des photographies antérieures à sa démolition qui ne peuvent être suspectées d'inexactitude.

D'autre part ; la précision et la fidélité des relevés de Bruyerre est suffisamment vérifiable par la représentation des éléments existant pour qu'on puisse en tirer des certitudes

Ce clocher simple, mais de qualité aurait-il échappé aux destructions révolutionnaires  ou bien aurait-il été reconstruit au début du XIX° siècle, ce qui serait étrange compte tenu de sa qualité.

Toujours est-il que c'est dans cet état que l'église est classée en 1840 parmi les Monuments Historiques.

Peu après est entreprise la reconstruction (ou la construction?) des deux clochers de la façade occidentale, qui n'apparaissent pas sur le relevé de Bruyerre de 1868, mais sur un dessin daté de 1873 et sur une photographie de la même époque.

 

Puy de Dome Eglise de Saint Nectaire Etude préalable restauration extérieure, aménagement des abords

François VOINCHET Architecte en chef des monuments historiques Moulins Sept 1992

 

« Dans l’ensemble, cet édifice semble n’avoir connu que peu de modifications ou transforma­tions avant la première moitié du xixe siècle. Les premiers documents, datés du xviiie siècle, insistent parallèlement sur le bon état général de l’édifice, même si le pavement intérieur est endommagé par endroits et que les portes de l’église sont jugées en mauvais état. Aucun docu­ment ne précise par contre les dispositions générales en place et ce sont les vues et relevés du premier tiers du xixe siècle qui rendent compte de l’état de l’église à cette période.

Sur ces dernières, on remarque que le clocher de la croisée possède alors un unique registre de baies tandis qu’un bâtiment fortifié apparaît souvent directement au nord, correspondant au château de la famille de Sennectère mentionné par les sources. Pour la nef, les grandes arcades apparaissent surmontées de maçonneries aveugles. Un enduit se repère systématiquement sous les ouvertures du premier niveau, comme pour signaler la présence d’un petit appareil bien­tôt remplacé par du moyen appareil lors des restaurations. La façade ne présente aucune tour supérieure, ni au centre, ni sur les côtés. Seul apparaît un petit pignon triangulaire aujourd’hui disparu. »

 

       David Morel Collection Histoires croisèes Restaurerau XIXe siècle Presses Universitaires Blaise-Pascal

La lithographie réalisée en 1825 par Eugène Isabey, avant les premiers relevés réalisés par Aimond Mallay pour les restaurations est plus intéressante de ce point de vue . En effet, elle montre une façade dotée d’un portail central en plein cintre encore en place. Mais les parties hautes présentent un registre de trois grandes arcades aveugles en plein cintre et sont unique­ment couronnées par un petit pignon triangulaire central, également doté d’une petite lunette aveugle. Au nord apparait une maçonnerie pouvant correspondre à l’arrachement d’une tour. Ce dispositif d’arcades supérieures aveugles est intéressant à observer puisqu’il n’apparaît pas sur le relevé réalisé par Mallay avant les travaux de restaurations. Ce relevé montre au contraire une façade presque nue, dotée d’une simple baie centrale en partie haute. La limite supérieure n’est pas clairement figurée, mais les rampants du pignon central sont tout de même représentés, sans que l’arrachement ne soit, cette fois-ci, assurément mentionné.

 

      David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

 

« ….  Par contre existait également à Saint-Nectaire un prieuré de La Chaise-Dieu, établi dans le troisième quart du XIIe siècle, suite à la donation, par le comte Guillaume VII, d’une terre à l’abbaye brivadoise. Une première bulle pontificale, datée précisément de 1146, ne mentionne effectivement pas la terre de Saint-Nectaire comme possession de l’abbaye casadéenne alors qu’une seconde bulle, datée de 1178, en fait état. Comme à Orcival, cette donation a crée une certaine confusion dans l’historiographie puisque nombre d’auteurs associent directement la construction du grand sanctuaire roman et la communauté casadéenne. Ce prieuré devait se trouver au Sud de l’église et n’entretenait d’ailleurs que trois « cloîtriers » au XIVe siècle alors que le petit prieuré d’Orcival, détruit en 1353, en entretenait cinq à la même date . La terre passa néanmoins aux mains de la famille de Sennectaire jusqu’en 1760, date à laquelle elle échut à l’évêque de Clermont. Confisquée par les Révolutionnaires, l’église devint une fabrique de salpêtre, avant d’être rouverte au culte en 1804 et classée Monument Historique en 1841»

 

     David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

 

En apparence éloigné de ces préoccupations, l’église de Saint-Nectaire abrite d’ailleurs un chapiteau figurant la légende de saint Nectaire à l’intérieur duquel on retrouve la représenta­tion d’un édifice en tous point semblable aux grands sanctuaires romans de Basse-Auvergne . Ce chapiteau a visiblement été installé dans les années 1130-1150 et il est clair que l’édifice représenté n’est pas l’église de Saint-Nectaire, qui était alors inachevée, mais une église semblable. »

 

       David Morel Collection Histoires croisèes Restaurer au XIXe siècle Presses Universitaires Blaise-Pascal

« Le cimetière, qui entoure désormais l'église et se retrouve par conséquent au cœur des espaces habités, joue également un rôle décisif. Une telle disposition est l’aboutissement d’une mutation considérable. En effet, l’Antiquité romaine enterrait ses morts loin des zones habitées et le haut Moyen Age a connu des usages très divers : transfert des corps saints dans les églises urbaines, nécropoles en pleine campagne, sépultures isolées encore fréquentes à l’époque carolingienne. Puis, au XIe siècle, le cimetière attenant à l’église, faisant l’objet d’un rituel spécifique de consécration, se généralise partout comme l’unique lieu autorisé de sépulture des défunts (avec l’église elle-même, et à l’exception des non baptisés et des excommuniés, qui en sont exclus). On assiste ainsi au regroupement des morts au cœur de l’habitat, rural ou urbain ; autrement dit, c’est autour des morts que les vivants sont désormais rassemblés. Se rendre à l’église signifie alors traverser la terre des morts ou, si l’on se rappelle la présence des reliques et des sépultures privilégiées dans le sol du bâtiment, c’est véritablement pénétrer dans le monde des morts. »

 

       « Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« L’époque carolingienne marque une étape importante dans la valorisation du lieu cultuel, comme l’indique le développement d’un rituel spécifique de dédicace de l’église à partir du VIIIe siècle. Au XIe-XIIe siècles, le renversement est devenu complet, puisqu’on attribue alors un caractère absolument nécessaire au bâtiment ecclésial (en même temps qu’un autre renversement doctrinal aboutit à la proclamation pontificale de la Présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques). Le lien entre ces deux questions est fort bien énoncé par Bonizon de Sutri, évêque de Plaisance à la fin du XIe siècle : de même que le prêtre qui célèbre la messe transforme le pain et le vin en corps et sang du Christ, l’évêque qui consacre une église transfigure l’édifice matériel en demeure spirituelle de la Trinité et des anges »

 

      « Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« L'édifice ecclésial est certes le lieu positif par excellence, jouant pour cela même un rôle décisif dans la polarisation de l'espace social. Toutefois, plutôt que de considérer ses murs (et ses portes) comme une limite absolue entre une intériorité dite sacrée et un extérieur sans doute trop vite qualifié de profane, il convient de se représenter l'église et son environnement comme un dispositif formé de plusieurs cercles concentriques. En effet, l’église est entourée, non du monde profane, mais d’une enveloppe sacrale, le plus souvent associée au cimetière, c'est-à-dire au statut fondateur de l’ancestralité. Et même lorsque un édifice est dépourvu de fonction funéraire, cette enveloppe est instituée par le rite de dédicace, le plus souvent à environ trente pas autour de l'église ou parfois à une distance qui peut être sensiblement plus grande, comme dans le cas du sacré ban de Cluny. Contrairement à ce que suggère l’expérience actuelle des bâtiments médiévaux, passer la porte d’une église ne signifiait pas (ou seulement par exception) passer du monde séculier au lieu sacré. Que l’on ait affaire à une cathédrale ou à une collégiale entourée des édifices occupant l’enclos canonial, à une abbatiale à laquelle s’adossent les bâtiments voués à la vie monastique ou à une simple église paroissiale ceinte de la terre des morts, la limite du monde ordinaire était repoussée à distance des murs du bâtiment cultuel. On pénétrait dans un espace doté d’un certain degré de sacralité avant même de franchir le seuil de l’église. »

 

     « Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« De nouveaux seuils jalonnent cet iter, au chancel d'abord, puis au niveau de l'arc triomphal. Finalement, c'est essentiellement dans le sanctuaire lui-même, autour de l'autel majeur, que s'opère, dans le temps de la célébration eucharistique, la jonction entre terre et ciel. Du reste, l'un des traits les plus constants du décor du sanctuaire est la présence, dans la conque absidiale ou à la voûte de la travée droite, d'une figuration peinte de la Majesté divine (et bien que nous n'en ayons pas conservé de traces en Auvergne, il paraît raisonnable de supposer que les absides des églises étudiées ici étaient ornées d'un décor de ce type) »

 

      « Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« Une enceinte continue comportant elle aussi des tours et des bastions reliés par des courtines sur lesquelles se trouvait le chemin de ronde, épousait les contours de la montagne, surplombant sur trois côtés, à l'est, au sud et à l'ouest, les ravins du Rivet, du Courançon et du Maupas, dont les talus contituaient l'escarpe de la forteresse.

L'église et le prieuré, eux mêmes encerclés d'un mur qui servait d'enceinte au cimetière autour de l'église était compris dans cette enceinte dont on trouve encore quelques vestiges du côté est, à gauche du chemin raide qui aboutit à la place.

 

D'autres défenses sur lesquelles nous n'avons aucune indication devaient renforcer cette enceinte du côté nord, plus facilement accessible et déjà dominée par le donjon.

Les documents iconographiques auxquels nous nous rapportons pour cette description, sont absolument insuffisants pour baser une étude archéologique.Tout ce que l'on peut dire, c'est que la silhouette des ruines semble dater , les parties anciennes des XII° et XIII° siècles, et les plus récentes du XIV° siècle.Cela correspond bien à la documentation historique. En effet, pour que le comptourat de Murol ait été remplacé en 1215 par celui de Saint Nectaire, il fallait, de toute nécessité, que cette dernière place fut déjà munie d'un fort et de défenses en rapport avec l'importance du titre nouveau qu'on lui attribuait »

 

          Saint Nectaire Auvergne Santé beauté calme André Roux maire de 1945 à 1965 Graphilux 1978

. «  À la période médiévale, l’église de Saint-Nectaire voisinait une installation castrale située à quelques mètres au Nord. Cette fortification pourrait bien être une possession de la famille de Sénecterre, connue dès la première moitié du XIe siècle

. Les deux édifices étaient ceints d’une fortification de plan ovale et ne se trouvaient probablement séparés que par un cimetière. Des sépultures à encoche céphalique sont remployées dans l’actuel mur de soutènement de la terrasse ...

 

…. Il s’agit principalement de sarcophages trapézoïdaux en pierre qui, pour les rares exemples étudiés dans l’ancien diocèse de Clermont, ne semblent pas postérieurs au début du XIIe siècle. Ces sarcophages semblent du reste la plupart du temps être systématiquement remployés depuis la période mérovingienne, ce qui pourrait signaler l’existence d’une ancienne nécropole à proximité. Un sarcophage ovoïdal y est associé, tout en pouvant être placé au XIIe siècle

. Cette installation castrale, dont les toitures étaient en partie détruites en 1830, figure encore à l’état de ruines sur des documents du milieu du XIXe siècle et se composait alors de plusieurs corps de logis cantonnés de tours circulaires, ce qui peut signaler une construction du bas Moyen-Âge ...

. Une « maison-forte » semble connue dès 1283, mais nous ne savons rien d’un possible état antérieur »

 

      David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

« A la troisième travée...la fenètre manque ; elle est remplacée au nord comme au sud par une porte. Ces portes sont rectangulaires et percées sous un arc de décharge

en plein cintre. L'espace compris entre le linteau et l'arc en plein cintre est rempli au midi d'une mozaïque tricolore brun noir et blanc composée de scories du pays.

 

A la porte méridionale il est en plus à remarquer que, comme à la porte sud de Notre Dame du Port, l'arc de décharge ne tombe pas d'aplomb sur les piedroits de l'ouverture qu'il couronne. Il semble qu'on l'ait coupé pour faire place au linteau et refaire les montants.Evidemment cette porte comme celle du Port a été fortement remaniée postérieurement à la construction primitive.

    

              L'église de Saint'Nectaire Henry du Ranquet 1898 H Delesqes imprimeur éditeur Caen

 

« L'église de St Nectaire ne fut pas condamnée à une destruction totale : les démolisseurs n'osèrent pas en entreprendre le travail....En exécution de deux arrétés de Couthon, l'un du 4 nov 1793 et l'autre du 1° mars 1794, ordonnant la démolition des clochers du département, celui de St Nectaire fut détruit.Ce clocher, supporté par une coupole du transept était octogonal avec deux étages d'ouvertures, sa flèche élancée, construite en pierre de taille, produisait un coup d'oeil pittoresque.

Pour l'honneur du pays, aucun habitant ne consentit à préter son concours à une telle entreprise, ce fut un étranger, un maçon du limousin, nommé Nuger, qui accomplit les destructions barbares....

Son œuvre achevée, Nuger parcourut la commune, abattant de nombreuses croix qui se trouvaient sur tous les points du territoire....

 

Par ordre du district, les cloches descendues de leur demeure aérienne et chargées sur des voitures furent dirigées sur Clermont. Une seule fut laissée pour sonner le tocsin. »

 

                                    L'église et la paroisse de Saint Nectaire Notice historique, archèologique

                Abbé Forestier 1878 Imp F Thibaud Clermont Ferrand

 

travaux

« L'abbé Croizet en 1840 nous fait un tableau lamentable de l'état de délabrement de l'église : une des voûtes du porche s'est entièrement écroulée et cet effondrement a provoqué une lézarde qui s'étend sur la voûte de la nef jusqu'au transept et commence à attaquer la coupole à pendentifs.

Le clocher mutilé n'a qu'une couverture de fortune et celles des autres parties de l'église sont en si mauvais état, que la pluie pénètre de toutes parts sur les autres voûtes dont l'écroulement est fatal....

...C'est aux environs de 1874-75 que « la grande misère » de l'église fut enfin prise en compte par le Comité historique des Arts et Monuments.

Le maire de Saint Nectaire était Jean Parrat, l'artiste sculpteur local, auquel on doit les monuments qui ornent le cimetière de Saillant et la placette de ce hameau.Joignant ses efforts à ceux du curé, l'abbé Forestier, il obtint l'appui du député d'Issoire Amédée Girot-Pouzol, pendant que d'autres influences exerçaient leur action au ministére des Beaux-Arts et auprès du comité historique.

En 1876 sous l'intelligente direction de M Bruyerre, les travaux de restauration furent commencés et poursuivis sans interruption jusqu'à leur achèvement. »

 

          Saint Nectaire Auvergne Santé beauté calme André Roux maire de 1945 à 1965 Graphilux 1978

« A la suite du voyage de Prosper Mérimée en 1837....L'église est inscrite en1840 sur la première liste des monuments historiques....En 1841 l'abbé Croizet, curé de Nescher rédige une notice historique pour le ministère accompagnée de plans et d'un devis de l'architecte diocésain Aimond-Gilbert Mallay....

 

Mallay, imaginatif, projette de couronner la façade de mâchicoulis et de créneaux.....Un projet plus sobre est finalement adopté. Et les travaux de restauration du massif occidental ont lieu entre 1852 et 1854. Les deux tours, coiffées de toits en pavillon à tuiles canal sont alors construites.

 

Entre 1875 et 1877,l'architecte Louis-Clémentin Bruyerre entreprend la restauration générale de l'édifice.....il apporte des compléments d'architecture en s'inspirant des modèles de référence de l'école auvergnate.

(dans) cette logique du monument type,....le clocher a été entièrement reconstruit...couverture en tuiles canal des chapelles et déambulatoire, en lauzes de l'abside et de la nef...les façades extérieures des tribunes et de la travée droite du choeur sont pourvues d'arcatures...des antéfix en forme de croix grecque ou d'entrelacs..(couronnent)..des chapelles et des pignons...des décors offrent corniches et mozaïques aux façades des transept...et (on réalise) des « joints rubans » saillants..

 

(On lessive) les peintures modernes...Il semblerait que deux chapiteaux du choeur perdirent leurs couleurs ( transfiguration et vie de saint Nectaire) lorsque des moulages furent exécutés à la fin du XIX° siècle pour le musée des monuments français de Chaillot.

 

En 2000, le conseil Réginal d'Auvergne a signé avec l'Etat dans le cadre d'un « contrat de plan Etat-Région » ; un programme de sauvegarde et de mise en valeur de 8 sanctuaires romans d'Auvergne....Placés sous l'égide des Monuments Historiques... »

 

De 2002à 2009 : restauration générale, reprise des toitures et des maçonneries,badigeon intérieur...sous la direction de F Voinchet puis par M Trubert acmh et D Reppelin igmh

 

           Eglise romane de Saint-Nectaire De l'ombre à la lumière michel Adan, Joël Damasse

 

             

 

« Des transformations radicales ont donc eu lieu, mais cet examen attentif permet aussi de retrouver les grandes étapes du chantier de construction médiéval ce qui n’est pas sans intérêt.

En suivant ainsi le déroulement des travaux et la répartition des matériaux observés à Saint- Nectaire, on s’aperçoit bien vite que le chantier du xiie siècle a débuté par l’édification du chevet et que les parties supérieures des murs gouttereaux tout comme les parties hautes du massif de façade ont été réalisées en dernier, non sans que les bâtisseurs ne connaissent quelques difficul­tés financières. Il est possible que les triplets aveugles des tribunes aient donc été projetés mais n’aient jamais été réalisés à cause de problèmes économiques liés aux exigences d’un chantier exceptionnel dans un cadre montagnard.

 

             David Morel Collection Histoires croisèes Restaurer au XIXe siècle Presses Universitaires Blaise-Pascal

 

 

"Les travaux de restauration vont débuter en 1840 sous la direction d’Aimond Mallay, peu avant le classement de l’église en 1841. Ils vont d’abord porter sur la réfection des couvertures et de la voûte de l’avant-nef qui menace de s’écrouler. Les principaux problèmes surviennent alors que les efforts se portent sur le massif de façade. Les murs latéraux sont repris, mais les parties hautes sont très altérées et sujettes aux infiltrations.

Ces parties supérieures, qui vont donner lieu à nombre de discussions, ne sont malheureu­sement pas décrites par les restaurateurs et seul le relevé de Mallay semble transcrire l’état de la façade avant les premières interventions. Prosper Mérimée suppose que celle-ci ne fut jamais achevée ou, du moins, fut ruinée bien avant leurs interventions. Comme beaucoup d’autres, il pense en fait que la façade qui se présente alors “inachevée et nue” était à l’origine fortifiée. Les preuves archéologiques manquent mais c’est vers cette solution que les restaurateurs vont

d’abord se tourner. Deux projets sont proposés, pour aboutir finalement à la façade actuelle pourvue de deux tours latérales sans créneaux, couronnées chacune d’un toit à quatre pans recouverts de tuiles creuses....

...Durant cette période, la coupole du transept est également sur le point de s’effondrer et des débris du clocher vont d’ailleurs tomber sur la nef et sur les chapelles rayonnantes dont les voûtes sont lézardées et couvertes de mousses. Les toitures de ces chapelles rayonnantes et du déambulatoire sont alors en tuiles creuses tandis que celles de la nef sont composées de lauzes. »

 

              David Morel Collection Histoires croisèes Restaurerau XIXe siècle Presses Universitaires Blaise-Pascal

« Le remplaçant d’Aimond Mallay, Louis-Clémentin Bruyerre, prend la direction des travaux à partir de 1873. Treize ans se sont écoulés depuis le départ de Mallay et les toitures sont presque totalement à reprendre. La restauration du chevet n’a guère avancé, notamment à cause de l’état du clocher central et de la restauration de la façade. Un projet est présenté et rapidement adopté pour restaurer ce dernier. Bruyerre s’inspire des principaux clochers romans encore existants alentours tant pour la structure générale que pour les détails décoratifs. Ce nouveau clocher sera achevé en 1877.

Parallèlement Bruyerre souhaite également restaurer les faces extérieures des murs goutte­reaux, dont les contreforts sont endommagés en partie basse, et notamment le niveau des tri­bunes qui se présente alors totalement nu et aveugle. Il vient en effet d’observer les traces des anciennes baies assurant l’éclairage en examinant attentivement les maçonneries internes et désire les rétablir. Par ailleurs, mais cette fois-ci sans témoignages probants, il en déduit que devaient exister, à l’extérieur, des triplets aveugles en plein cintre ; composantes pour lui essentielles de l’art roman “auvergnat”. Ces triplets vont donc être établis en lieu et place des maçonneries aveugles et vont appeler de nombreuses critiques, qui sont peut-être aujourd’hui à discuter.

Effectivement, l’église de Saint-Nectaire se présente bien comme un édifice fortement res­tauré, notamment au niveau de la nef et du massif de façade. En recourant à l’analyse fine du bâti, on constate ainsi que les parties hautes du massif occidental sont presque totalement reprises, y compris dans des zones encore en place au début du xixe siècle. Le petit appareil irrégulier a visiblement moins souffert, mais les chaînages en moyen appareil ont fait l’objet de réfections plus systématiques Le plus gros du chantier a vraisemblablement concerné la nef qui montre des parties basses presque totalement remplacées. Le petit appareil situé primitivement sous les baies en plein cintre a été supprimé au profit du moyen appareil et les éléments d’entablement, comme les marqueteries du transept ont été largement repris. »

 

           David Morel Collection Histoires croisèes Restaurerau XIXe siècle Presses Universitaires Blaise-Pascal

 

 

L'édifice est alors en très mauvais état, et les précieux relevés de Bruyerre en sont un fidèle témoignage....

Une restauration complète est entreprise sous la direction de Bruyerre à partir de 1875, qui à l'instar de ses prédecesseurs ; ne s'est pas contenté de restaurer, mais s'est cru obligé de compléter et même de rectifier une architecture qu'il estimait trop peu conforme aux modèles de « référence » que sont Notre-Dame-du-Port et Saint-Austremoine d'Issoire. C'est ainsi qu'il a accentué l'dée selon laquelle les églises romanes d'Auvergne sont « toutes les mêmes ».

 

En fait, malgré l'intéret documentaire qui peut s'attacher à des transformations caractéristiques du XIX° siècle, l'édifice qui était un véritable chef-d'oeuvre unique d'une architecture romane extrèmement originale, a perdu beaucoup de son caractère et de sa beauté austère, pour acquérir une sorte de mièvrerie :les seules proportions des arcatures latérales sont étriquées, et il est manifeste que l'espace qu'elles couvrent était trop étroit pour les accueillir correctement.

Sur place, un simple examen attentif des façades permet de localiser les adjonctions de Bruyerre, car ces pierres de remplacement sont d'une teinte bleutée qui tranche avec les coloris beaucoup plus chauds des pierres d'origine, et elles ont été taillées avec une sécheresse caractéristique des ouvrages du XIX° siècle....

De même les deux clochers occidentaux ne sont manifestement pas à l'échelle de l'édifice, et il est pratiquement impossible de savoir s'il en existait auparavant : tous les massifs occidentaux des églises romanes d'Auvergne ont été si modifiés au XIX° siècle qu'on ne peut se faire aucune idée de la manière dont ils auraient dû être couronnés ?.

Mais on s'est habitué à la silhouette de l'église actuelle ; et les parements de ces clochers sont dans un état qui justifie parfaitement une réparation. »

 

             Puy de Dome Eglise de Saint Nectaire Etude préalable restauration extérieure, aménagement des abords

       François VOINCHET Architecte en chef des monuments historiques Moulins Sept 1992

«L 'ensemble des couvertures traditionnelles qui apparaissent encore en place sur les relevés de Bruyerre, a ètè remplacé par des dalles de basalte taillées, inspirées du dictionnaire de Viollet-le Duc, et réputées correspondre aux matériaux d'origine.

On ne saura certainement jamais comment l'église était couverte au XII° siècle, d'autant plus que les travaux de couverture de 1875 ont été précédés d'un nettoyage radical qui a probablement fait disparaître les éventuels vestiges contenus dans les remblais, susceptibles de donner des indications à ce sujet.

Le système élaboré par Bruyerre s'inspire de ceux qui ont été mis en place à St Austremoine d'Issoire et à Notre-Dame -du-Port à Clermont Ferrand ; à la différence qu'il est beaucoup mieux étudié et mis en œuvre.

 

Alors que les dalles d'Issoire sont mal taillées, dépourvues de relevés et se recouvrent insuffisamment, celles de St Nectaire sont soigneusement taillées comme de véritables tuiles mécaniques géantes, disposant de recouvrements avec ressauts et rejingots, de relevés latéraux, de becquets formant goutte d'eau etc...

D'autre part, au lieu d'être posées en plein sur le remblai ,des voûtes, elles reposent sur des plots isolés en mortier de chaux, qui ménagent un vide d'air entre l'extrados des voûtes et la sous-face des dalles.

 

             Puy de Dome Eglise de Saint Nectaire Etude préalable restauration extérieure, aménagement des abords

François VOINCHET Architecte en chef des monuments historiques Moulins Sept 1992

« Au cours de la dernière restauration (2006 2008) , le choeur et le transept ont été entièrement dallés à neuf, entrainant l'intervention du Service Régional d'Archéologie. C'est alors qu'a été mise à jour la crypte funéraire du choeur, aujourd'hui vide, qui aurait abrité le tombeau de saint Nectaire. Le dispositif creusé dans le rocher, appelé memoria, comprenait un escalier qui donnait accés au caveau afin que les fidèles puissent vénérer de plus près les reliques du saint.

...les archèologues ont recueilli plusieurs éléments qui assurent l'exitence d'un état antérieur à l'église romane, un état du haut Moyen-Âge. Il s'agit des premiers témoins concrets attestant de l'occupation du site avant les XI°-XII° siècles. Un crâne humain a été daté au carbone 14 du VII° ou XII) siècles. Un alignement de pierre, fondation probable du mur d'un édifice précédent, est apparu enchevêtré avec les fondations de l'église actuelle.

 

             Les 5 églises romanes d'Auvergne rénovées dans le Puy de Dôme

                                             Michel Andan, Joël Damase éditions RenvoiR Consiel Général Puy-de-Dôme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« . Sans que cela ne renvoie forcément à la légende, et bien qu’aucun élément en remploi n’apparaisse clairement dans l’édifice actuel, il semble qu’un monument antérieur soit en partie conservé sous les structures du XIIe siècle

. Une sépulture antérieure aux fondations romanes a également été retrouvée à l’intérieur du déambulatoire, ce qui pourrait aller dans le sens de l’existence d’un sanctuaire primitif, peut-être du haut Moyen-Âge

. D’après Jean Savaron, le tombeau de Saint Nectaire était quoi qu’il en soit aménagé sous le maître-autel de l’église et les ossements qu’il contenait furent recueillis et disposés dans une châsse d’argent par le frère Guillaume Mas, en 1494

. Ce tombeau devait se trouver, non pas dans une véritable crypte, mais dans la cavité, ménagée dans la moitié Sud du chœur, qui fut récemment dégagée lors d’une campagne de fouilles . Ce caveau de petites dimensions était à l’origine accessible depuis l’Est par un emmarchement, postérieur à un premier état, dont les négatifs sont encore visibles sur les parois latérales de l’accès. Il a été condamné à une date inconnue par l’installation d’une grande dalle d’arkose remployée et retaillée venant fermer l’ouverture. Cette dalle présente, dans son angle supérieur droit, une inscription se développant sur deux lignes, dont l’une est presque totalement effacée : « HIC REQUIESCIT S[AN]C[TU]S H … T … ». L’église abritait par ailleurs le tombeau de saint Baudime, et un autre tombeau, peut-être situé dans la dernière travée du bas-côté Sud de la nef, qui renfermait la sépulture de saint Auditeur. On procéda en effet à la translation de ses reliques en 1673 et une peinture murale fut réalisée à cette occasion pour commémorer l’événement et signaler l’emplacement de l’inhumation »

 

          David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

 

« La polychromie de la nef recouvre toutes les pierres de taille et les parties recouvertes

de mortier par un motif de « faux marbre » souligné par des lignes noires verticales et

horizontales. Les chapiteaux, soulignés par des couleurs franches et contrastées, constituent des éléments visuels primordiaux dans la perception de l’organisation spatiale du bâtiment.

Le traitement polychrome ne répond pas à une violence bigarrée dont on se complait

trop souvent à voir dans le monde roman mais répond à un classicisme récurrent dans l'art roman auvergnat, en particulier pour la peinture des faux pilastres. »

 

             Rapport et compte rendu provisoire d'activité scientifique de l'église de St Nectaire (Puy de Dome) campagne d'avril 2008 Dominique Allios Université de Rennes 2

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Pour la peinture romane (il s'agit de la phase la plus ancienne de peintures recouverte par des campagnes postérieures), on peut constater l'existence d'un motif polychrome que nous considérons comme un « faux décor de marbre » déployé sur l'intégralité de la nef perceptible malgré la campagne d'effacement du XIXe siècle. Les couleurs utilisées sous la forme de coups rapides et isolés de pinceau. La gamme chromatique comprend du rouge vif,du jaune safran, du vert émeraude tirant sur le turquoise et du rose incarnadin (il n'est pas interdit de penser qu'il s'agit des couleurs attribuées aux évangélistes). Les espaces peints sont soulignés ou délimités par une ligne d'un noir charbonneux. L'ensemble décoratif recouvre plusieurs éléments : les colonnes de la nef sont en faux marbre, les demi-colonnes également, les arcatures de la nef et des baies géminées des tribunes, les encadrements des

baies des collatéraux. Les murs crépis (appareillés en blocage) reçoivent aussi ce motif de faux marbre . Les parties internes des tribunes n'ont révélé aucune trace de

peinture ancienne à l'exception de l'intrados des baies ouvrant sur la nef.

Tous les chapiteaux portent des traces de polychromie. Ceux de la nef et des

tribunes, dérivés du corinthien, ont des feuillages nettement individualisés par un jeu de contrastes (rouges, jaune, vert). Ces motifs contribuent à la clarté et à l'efficacité de la composition, véritables points d'orgue des scansions horizontales et verticales

Les chapiteaux historiés reçoivent aussi un traitement similaire : la

couleur souligne chaque élément se référant à l'aspect temporel des personnages et met en valeur des accessoires très précis ainsi que les motifs végétaux. Les oppositions colorées sont franches et les fonds rouges accentuant le caractère pittoresque et descriptif des scènes et ne constituent pas simplement un élément rythmique dans la modénature architecturale »

 

            Rapport et compte rendu provisoire d'activité scientifique de l'église de St Nectaire (Puy de Dome) campagne d'avril 2008 Dominique Allios Université de Rennes 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Il y a en effet, selon l’expression du Décret de Gratien, « deux sortes de chrétiens », les uns voués aux affaires du siècle et au mariage, tandis que les autres sont voués, par le célibat et le renoncement aux liens de la parenté charnelle, aux affaires de l’Église. Ils doivent donc, comme le précise Humbert de Silva Candida, être « séparés au sein des sanctuaires par les places et les offices ». De fait, lorsque les liturgistes du XIIe siècle commentent la structure du lieu de culte, ils insistent sur la dualité qui oppose la nef, où se tiennent les laïcs, et le sanctuaire, propre aux clercs. Même si ces deux parties sont associées au sein de l'unité du lieu ecclésial et si la frontière qui les délimite pouvait être franchie par les laïcs en certaines occasions, le chancel (comme les autres éléments séparant les espaces liturgiques) est la matérialisation architecturée d’une distinction sociale majeure.

Il convient de faire place à une division ternaire, entre la nef (navis, pars anterior), espace des laïcs, le chœur (chorus), où les clercs se réunissent pour les offices, et le sanctuaire (sanctuarium), qui abrite l'autel majeur et dont l'entrée est souvent marquée par la présence de l'arc triomphal ou de quelques marches. De fait, les liturgistes du XIIIe siècle glissent vers une telle division tripartite, explicitement énoncée par l’évêque de Mende, Guillaume Durand.....

De fait, c'est à cette structuration tripartite que nous nous réfèrerons dans l'étude des édifices auvergnats et il faudra tenter à chaque fois, dans la mesure du possible, de distinguer la nef des laïcs (avec l'autel de la croix qui lui est propre), le chœur liturgique (avec le chancel qui en marque la limite vers l'ouest), et le sanctuaire
 

           « Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

    Chapiteaux

« Reste à mentionner un espace spécifique sur le statut duquel nous nous interrogerons fréquemment : le déambulatoire, que caractérisent à la fois une grande proximité avec le sanctuaire et une nette différenciation. Les commentaires des liturgistes n'en disent mot et nous sommes fort mal renseignés sur ses usages. Du moins doit-on renoncer à l'interprétation classique du chevet à déambulatoire, comme réponse fonctionnelle visant à canaliser le flux des pèlerins attirés par des reliques prestigieuses (le nom même du déambulatoire, forgé au XIXe siècle, conforte indûment une association avec l'idée de circulation).

Tout en tenant compte de la diversité des situations, on doit plutôt admettre que le déambulatoire relève des espaces réservés d'abord aux clercs eux-mêmes et à la célébration des actes liturgiques propres à la communauté cléricale en charge du lieu. C'est ce que confirme parfois la présence de grilles à l'entrée du déambulatoire. Et sans doute n'est-ce que de manière très réglée et limitée aux fêtes les plus importantes que le déambulatoire pouvait être rendu accessible aux laïcs qui, par-dessus les grilles entourant le sanctuaire, pouvait alors apercevoir le reliquaire du saint. »

« Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« Au cours des Xe-XIe siècles, on assiste au regroupemet de la plupart des autels dans la partie orientale de l’édifice (autel majeur et autel matutinal dans le sanctuaire, auxquels peuvent s’ajouter ceux des absidioles du transept et du déambulatoire; seul l’autel de la croix demeurant fréquemment en avant du chancel, à destination des laïcs) Vers 1200, l’évêque Sicard de Crémone exprime cette dynamique axiale de façon remarquable, lorsqu’il associe la longueur de l’édifice ecclésial à la patience « qui supporte les épreuves jusqu’à parvenir dans la patrie céleste »

Cette expression aussi riche que concise suggère d’associer la nef avec l’adversité (le combat spirituel) et l’abside avec la plénitude paradisiaque. Surtout, elle assimile l’axialité longitudinale de l’édifice au cheminement de l’homo viator, au pèlerinage de la vie humaine tendue dans l’espérance du ciel. En quelques mots, Sicard noue habilement la dynamique axiale de l’église et la valeur centrale de la société chrétienne : la quête du salut. L’un et l’autre sont associés à un cheminement (iter), schème omniprésent dans les représentations médiévales de l’espace.

 

Déployant intérieurement l’iter que polarisent l’autel majeur et l’abside, l’édifice cultuel reproduit ainsi, en son intérieur et à une échelle réduite, le modèle du pèlerinage dont il constitue, en tant que lieu sacré, le point d’attraction.

Posons alors que l’édifice ecclésial peut être pensé à la fois comme locus et comme iter. Il est le lieu sacré par excellence, polarisant l’espace social (localement ou plus amplement, selon les flux de pèlerins qu’il draine).

Mais son unité sacrale s’ouvre dynamiquement pour déployer, en son sein, un iter scandé par une série de seuils réitérés, à franchir comme autant d’épreuves (adversa) et menant à chaque fois vers une plus grande plénitude du sacré. »

« Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

 

« l'inscription qui orne le porche nord de l'abbatiale Saint-Pierre de Mozat désigne l'église, dans laquelle elle invite à pénétrer, comme « templum » et comme « limina Christi » . Lieu liminaire, parce que le lieu rituel n'a la plénitude d'un locus sacré que dans la fonction de polarisation qu'il exerce vis-à-vis de l'extérieur. Lieu liminaire surtout, parce que, en son intérieur, s'ouvre en une série de seuils jalonnant un iter horizontal et parce que, celui-ci bascule ultimement dans la verticalité d'un passage (transitus) entre terre et ciel. Locus sacré traversé par la dynamique de l’iter, l’édifice ecclésial est un paradoxal lieu liminaire qui ouvre, dans le pèlerinage terrestre des hommes, le seuil d’une conjonction verticale avec le monde divin. »

« Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

« De fait, l'idée d'une position intermédiaire des chapiteaux a parfois été mise en relief dans les études sur l'art médiéval : à une transition architecturale (entre la circularité de la colonne et la section carrée de la retombée de l'arc supporté; entre la verticalité de la colonne et la courbure de l'arc; entre la linéarité de la colonne et la planéité des murs), viendrait s'associer une position intermédiaire (ou charnière) entre le monde terrestre et le domaine céleste, entre l'homme et la divinité. On peut ajouter que les chapiteaux doivent aussi être perçus comme éléments de l'arcade dans laquelle ils s'insèrent et que cette arcade vaut comme passage (voire comme « porte du ciel »), tout particulièrement s'il s'agit de l'arc triomphal ou même des arcs doubleaux qui scandent la nef ...

En bref, la disposition différenciée des colonnes et des chapiteaux dans la nef et dans le sanctuaire contribue à articuler iter, locus et transitus : l'iter longitudinal prévaut dans la nef, tandis que le sanctuaire, locus sacré par excellence polarisant l'iter de la nef, est aussi le lieu privilégié du transitus vertical qui met en relation liturgie terrestre et liturgie céleste. »

« Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

 

« Au total, les remarques avancées ici convergent pour souligner l'extrême valorisation des chapiteaux à l'époque romane, ce que l'amplification débridée de leur décor suffirait du reste à confirmer. Elle n'en est pas moins confirmée tant par la pratique qui fait des chapiteaux des réceptacles privilégiés de reliques contribuant à la protection de l'édifice que par les commentaires des liturgistes qui associent les chapiteaux à la tête, à la pensée ou à la parole, bref à la partie la plus éminente et la plus spirituelle de la personne »

 

« Iter » et « locus » 3 /2012 Lieu rituel et agencement du décors sculpté dans les églises romanes d'Auvergne Jérôme Baschet, Jean Claude Bonne et Pierre Olivier Dittmar

«  Cette église est un extraordinaire calendrier solaire qui suit le calendrier en vigueur au Moyen-Age : la lumière du soleil éclaire très précisément les chapiteaux en fonction des fêtes les plus importantes.

Cette découverte permet de proposer des interprétations en rapport avec le christianisme pour toutes les statues dont la signification est ignorée à ce jour.

Ce calendrier solaire présente des défauts qui peuvent expliquer pourquoi personne n'a jamais fait état de ce calendrier jusqu'à ce jour .

Ces défauts concernent Noël, Pâques, saint Benoît, Saints Pierre et Paul, saint Michel...pour ne parler que des fêtes les plus importantes et les plus connues de nos jours.

Les défauts de ce calendrier solaire sont dus à l'ombre que créent les collines tout autour de l'église, au lever comme au coucher du soleil.

Ce calendrier solaire n'a pas pu être conçu sur place, à Saint Nectaire, compte tenu des collines. En revanche, les faits et deux des archives secrètes du Vatican laissent penser que cette église pourrait être l'ancienne église de La Chaise-Dieu qui aurait été démontée, pierre par pierre, puis transportée(sur 89 kms) et remontée à Saint- Nectaire en 1344 et 1347 sur ordre du pape Clément VI. »

 

Toute la lumière sur l'église romane de Saint-Nectaire

Texte et photographies Daniel Tardy

"Alors que cette église est considérée comme l’archétype de l’architecture et de la

sculpture romane auvergnate, les ouvrages « spécialisés » ne décrivent que très superficiellement

les chapiteaux et leur donnent des appellations très générales qui ne disent presque rien du sens de

ces chapiteaux : « Composition décorative, un saint non identifié, lutte du bien et du mal, masques

humains dans du feuillage, singe cordé…. »

 

                           Photo et texte Daniel Tardy

                                          « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"De plus, certaines de ces appellations ne correspondaient pas vraiment à ce que je voyais comme

ces 6 représentations d’oiseaux présentées sous l’unique vocable « Les aigles ».

Soit les sculpteurs étaient très maladroits pour sculpter des « aigles » aussi différents, soit les

auteurs n’avaient pas observé ces sculptures très attentivement. J’optais pour la seconde hypothèse

et décidais de reprendre « à zéro » l’observation de toutes les sculptures…

Il m’est apparu très rapidement que quantité de détails n’avaient jamais été observés ou du moins,

s’ils avaient été observés, ces détails n’avaient jamais été mentionnés."

 

                               Photo et texte Daniel Tardy

                                            « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

 

"Plus étonnant, je me suis rendu compte qu’aucun historien de l’art roman n’avait imaginé que les

chapiteaux puissent être placés selon un programme iconographique cohérent :

« Etant tous appareillés de la même manière et sculptés, comme toujours, avant la pose, il est

vraisemblable que les poseurs ont monté et scellé les chapiteaux à leur place sans suivre un ordre,

mais au fur et à mesure qu’ils sortaient des mains des sculpteurs. Outre les chapiteaux feuillus,

et qui n’ont aucune signification, il en est un grand nombre qu’il est difficile, pour nous du moins,

d’expliquer. »

Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe

                                                             Eugène Viollet-le-Duc (1868)siècle – Tome 2 – page 488"

 

                      Photo et texte Daniel Tardy

                                        « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

"Cette vision « romantique » du Moyen-âge, formulée par une autorité aussi considérable que

Viollet-le-Duc, a marqué tous les auteurs jusqu’à nos jours avec des postulats jamais remis en

cause :- l’art roman est un art sombre, avec de petites ouvertures, contrairement à l’art gothique

qui est un art de la lumière et du vitrail.

- les sculpteurs n’étaient pas des artistes mais des artisans sans instruction qui

reproduisaient (sans les comprendre) des motifs empruntés à l’antiquité.

Scénariste et réalisateur de films, je suis parti de l’hypothèse inverse :

- Pour construire cette magnifique église, il y avait, au minimum, un commanditaire très

instruit qui avait dû établir un cahier des charges très précis et des artistes de talent pour

mettre en œuvre un programme iconographique cohérent."

 

                 Photo et texte Daniel Tardy

                                     « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"Lire les écrits connus des moines bénédictins à l’époque de la construction.fut considérablement

simplifié par l’opportune publication par les Editions Bibliothèque de la Pléiade des Écrits

apocryphes chrétiens T.1 (EAC 1) en 1997, des Écrits apocryphes chrétiens T.2 (EAC 2) en 2005, et

de La Légende dorée - Jacques de Voragine en 2004.

j’ai alors observé les chapiteaux en ayant à l’esprit que ces textes, peu connus depuis la Contre-

Réforme (XVIe Petit à petit, j’ai élargi mes lectures à d’autres textes très importants comme la

Règle de saint Benoît, Les Conférences et Les Institutions monastiques de Jean Cassien …. ( et j’ai

découvert la possibilité d’un programme iconographique d’inspiration chrétienne."

 

                       Photo et texte Daniel Tardy

                                     « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

 

"Je me suis aperçu, grâce à Google Earth, que l’église de Saint-Nectaire n’était pas parfaitement

orientée vers l’Est, mais décalée de 7° vers le sud. Ce petit écart m’a poussé à en chercher une

explication liée à l’éclairage au lever du soleil.

De plus, j’avais la conviction qu’un des chapiteaux pouvait représenter la décollation de saint Jean-

Baptiste et, vu sa situation, qu’il pouvait « s’éclairer » le 24 juin. C’était beaucoup plus qu’une

intuition car, en écrivant le scénario d’un long-métrage sur Galilée, en 2001, j’avais acquis quelques

notions d’astronomie. Ca me semblait presque évident."

 

                               Photo et texte Daniel Tardy

                                             « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

"Le 28 octobre 2010, quand la lumière a éclairé les deux personnages, non identifiés, placés à la

droite du Christ. J’ai aussitôt pensé à saints Simon et Jude, qui sont sans doute les deux apôtres les

moins connus des douze, mais qui sont les seuls apôtres fêtés dans cette période. De plus, on

reconnait les mêmes attributs que sur une peinture de Fra Angelico, le livre et l’espèce de couteau.

Le calendrier julien en vigueur à l’époque ait changé en 1582 pour devenir le calendrier

grégorien actuel,

A l’époque, l’équinoxe « tombait » le 15 mars (au lieu du 21). Tout le calendrier était décalé de 6

jours par rapport au calendrier actuel. Ceci m’a été confirmé par l’Institut de Mécanique

Céleste (IMCCE – Observatoire de Paris) qui m’a communiqué les positions du soleil en 1067.

En fait, ce décalage n’est vraiment important que vers l’équinoxe où la position du soleil varie de 1°

(en élévation à midi) en 3 jours. Vers les solstices, cette variation de 1° ne se produit qu’en 15 jours."

 

                Photo et texte Daniel Tardy

                              « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"C’est tout le génie des bâtisseurs d’avoir observé des regroupements possibles entre plusieurs fêtes

qui, à l’époque, bénéficiaient de lumières identiques.

Par exemple, deux fêtes de la Vierge Marie, l’Annonciation (25 mars) et la Nativité (8 septembre)

avaient strictement la même lumière. De même, la Saint-Marc (25 avril) et la Saint-Laurent (août)

avaient pratiquement la même lumière.

Le fait qu’un chapiteau soit éclairé ou non par le soleil n’a rien d’une coïncidence : C’est un fait

prévisible. C’est aussi un fait vérifiable, car j’ai indiqué le jour et l’heure de la prise des photos.

La coïncidence n’est que dans le fait que ces textes qui évoquent la fête du jour correspondent

parfaitement avec ce qui est éclairé le jour de cette fête. Par exemple, le 3 mai (qui correspond au 9

mai de nos jours), la lumière éclairait la Sainte-Croix (c’est un fait) et le calendrier nous dit que le 3

mai, on fêtait « l’invention de la Sainte-Croix ».

Dans le livre j’expose une centaine de ces « coïncidences » à Saint-Nectaire mais je montre aussi

que certains chapiteaux sont pareillement éclairés, en fonction du calendrier, dans d’autres églises

du Puy-de-Dôme, à Issoire et ND du Port à Clermont."

 

                                          Photo et texte Daniel Tardy

                                      « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"Les bénédictins étaient des moines contemplatifs qui avaient un autre rapport que nous avec le

temps. Ils ont pu observer quantité de choses auxquelles nous ne prêtons plus aucune attention.

A l’époque le soleil était la seule source de lumière et les moines avaient de grandes connaissances

astronomiques même s’ils pensaient que la terre était au centre de l’Univers. Il n’y a rien de très

surprenant à ce que les chapiteaux soient placés pour être vus lorsqu’ils sont éclairés par le soleil,

dans nombre d’églises, sinon, pourquoi se donner la peine de les sculpter si personne ne peut les

voir ?"

 

                                        Photo et texte Daniel Tardy

                                                        « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"Saint-Nectaire, est unique pour plusieurs raisons :

- C’est une église dont l’intérieur n’a jamais été modifié, ce qui est assez rare.

- Certains de ses chapiteaux sont uniques en France, ce qui remet en cause le postulat

généralement admis que les chapiteaux étaient systématiquement copiés les uns sur les

autres."

 

                                           Photo et texte Daniel Tardy

                                                        « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

"- Le programme iconographique que j’ai découvert révèle la mise en œuvre d’un

véritable « missel » qui est le livre de référence pour l’année liturgique.

Un missel est un livre très complexe qui distingue le Temporal, les Quatre-Temps de l’année

liturgique, et le Sanctoral (Chaque jour un saint est fêté selon un calendrier précis).

Ce qui est unique à Saint-Nectaire, c’est la présence de 83 personnages qui permettent de célébrer

toutes les fêtes les plus importantes par l’éclairage de ces personnages le jour de leur fête. C’est

l’objet même de ce livre de montrer comment un même personnage peut représenter plusieurs

saints en fonction de la lumière qui peut provenir de plusieurs fenêtres différentes"

 

                         Photo et texte Daniel Tardy

                                        « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

"Ce qui est certain, c’est que l’église romane de La Chaise-Dieu, située à 89 km de Saint-Nectaire, a

été démolie en 1344 pour construire l’église gothique que nous connaissons actuellement à La

ChaiseDieu sur ordre du pape Clément VI dont le tombeau existe toujours à La Chaise-Dieu.

Cette église gothique a été construite en 8 ans ce qui est d’une rapidité inouïe.

Mais qu’est devenue l’église romane construite par le fondateur Robert de Turlande, mort en 1067

et canonisé en 1070 ?

Cette église portait un nom très particulier : Casae Dei, LA MAISON DE DIEU !

Ce n’est pas une appellation courante : On trouve quantité d’églises « Notre-Dame de … » ou « St-

Pierre de …. ». Mais appeler une église « La maison de Dieu » n’est pas une appellation anodine.

Clément VI a dû y réfléchir à deux fois avant de la faire détruire.

Et, peut-on encore parler de coïncidence, j’ai trouvé un document inédit dans les Archives secrètes

du Vatican, qui aurait pu donner l’idée à Clément VI de déplacer et reconstruire, pierre par pierre,

l’église romane de La Chaise-Dieu à Saint-Nectaire.

C’est une supplique adressée au pape Clément VI, datée du 30 juin 1343, par laquelle le seigneur de

Senecterre nous apprend qu’il n’y a pas d’église paroissiale à proximité du château.

Ceci est véritablement stupéfiant car sur les gravures du XIXe les restes du château éponyme de la

famille de Senecterre sont situés à moins de 30 mètres de l’église dont on remarquera qu’elle est

totalement disproportionnée par rapport à la taille du bourg où on ne compte qu’une douzaine de

maisons."

 

                      Photo et texte Daniel Tardy

                                         « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

 

 

"Aussi audacieuse soit-elle, l’hypothèse du « transfert » de l’église de La Chaise-Dieu en 1344

est, actuellement, la seule qui permette de répondre à toutes les questions que pose l’église de Saint-

Nectaire.

C’est désormais aux spécialistes de se pencher sur cette formidable énigme qu’est la construction de

ce chef d’œuvre absolu.

J’espère surtout que ce livre donnera l’envie de poser

un regard différent sur les milliers d’églises romanes qui existent en France. Le soleil étant la seule

source d’éclairage à l’époque de la construction des églises romanes, des effets de la lumière solaire

tout aussi spectaculaires sont visibles dans d’autres églises d’Auvergne, en particulier à l’équinoxe,

mais ceci doit certainement être observable partout en France."

 

                                                 Photo et texte Daniel Tardy

                                                            « Toute la lumière sur l'église romane de St Nectaire » Editions BZT et Cie 2013

Cornadore

« L’église Saint-Nectaire a peut-être abrité, à l’époque gallo-romaine, un culte aux divinités des eaux. Des fragments de tuiles, de céramiques et d’auges ont été découverts au début du XIXe siècle, tout en pouvant être liés à des activités artisanales

L’église est placée sous le vocable de saint Nectaire. Ce personnage n’est pas cité dans les œuvres de Grégoire de Tours, ni dans les premières Vies de saint Austremoine, mais apparaît seulement, à côté d’autres « sérieuses innovations », dans la Vita III du premier évêque de Clermont, rédigée au XIe siècle pour l’Église de Clermont

. Cette adjonction n’est pas sans conséquence puisqu’elle peut s’inscrire dans une politique de valorisation des fondateurs et des premiers évêques tout en permettant d’élargir un maillage de sanctuaires associés. Mais elle pose également la question de la valeur du document et de la réalité du personnage historique. Comme le souligne Pierre-François Fournier, il est possible que ce dernier n’ait été qu’un simple desservant d’église ou un ermite

. Selon cette hagiographie « tardive », saint Nectaire se prénommait à l’origine Ipace. Fils d’un membre de l’aristocratie byzantine, il fut baptisé par l’apôtre saint Pierre en personne, puis reçu son nouveau nom, Necterius, avant d’être envoyé en Gaule au côté de saint Austremoine. Mort de maladie en Toscane puis ressuscité, il reprit sa route avant d’être emprisonné dès son arrivée près de « Cropières » par les habitants qu’il tentait d’évangéliser. Délivré par un ange, il gagna la cité de Clermont, puis, à la demande de saint Austremoine, se rendit vers Plauzat,  Authezat, Montaigut et au Mont Cornadore pour y établir une communauté et diffuser la Foi

De nombreux miracles lui sont attribués, dont la résurrection d’un seigneur local, Brandule. Il serait mort de vieillesse et aurait été enseveli dans l’église qu’il avait édifiée » 

 

          David Morel thèse Doctorat « tailleurs de pierre, sculpteurs et maitres d'oeuvre dans le massif central » t3 2009

 

FIN

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